Circle praise
Eloge du cercle
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Home page / Page d'AccueilAvec le centre, le carré et la croix, le cercle est un des symboles les plus anciens et les plus universels de l’humanité. Il apparaît dans la préhistoire (on a trouvé des roues solaires datant du néolithique gravées dans la roche), puis plus tard dans les différentes civilisations de l’Inde, de l’Extrême-Orient, du monde musulman ou du Christianisme. Il faut pourtant remarquer que dans la nature, visuellement, le cercle est peu présent. Il y a, bien sûr, les planètes, visibles à l’oeil nu, le soleil, la lune, dont les formes sont circulaires. Il y a les ondes décrites par la chute d’un objet dans une eau calme. En dehors de quelques exemples de ce type, la circularité est perçue comme une idée et comme un mouvement. Idée : le galet usé par l’eau, la goutte d’eau, la bulle, le fruit (comme l'orange) qui tendent vers le cercle. Mouvement : les trajectoires se développant dans le temps, orbites des astres, circularité du temps, des saisons qui reviennent. Idées et mouvements sont des notions plus abstraites que concrètes. L’homme, en revanche, célèbre concrètement le cercle en tant que tel. Celui-ci est très présent autour de nous, dans notre vie quotidienne. Il y a les cercles fonctionnels, qui ne peuvent être que ... circulaires, de par leur utilité : roues, hélices, cylindres, tubes, spirales (les spirales sont des cercles qui s’étirent dans l’espace et qui ne se referment pas sur eux-mêmes). Ou bien ces cercles en trois dimensions que sont les sphères, les boules, les billes, qui elles aussi peuvent correspondre à des fonctions (le roulement à billes). Et puis, à côté de ces cercles fonctionnels, l’homme utilise des formes circulaires sans raison apparente, pour leur aspect décoratif pourrait-on dire. Tel élément d’architecture, tel panneau routier. Seulement décoratif ? Le décoratif n’est pas nécessairement futile. Il peut renvoyer à quelque chose de plus profond. Je me suis intéressé à ces cercles qui se sont échappés de l’enceinte du sacré où ils étaient jadis confinés (les rosaces des églises, par exemple) pour peupler nos vies quotidiennes, nos rues. Des cercles faits de main d’homme. J’ai parfois photographié des personnages vivant, travaillant, jouant avec ou à côté de cercles, dans une très grande proximité, presque une familiarité. Je me suis souvent posé cette question : ces hommes voient-ils les cercles dont ils sont voisins ou est-ce moi-même qui les ai surpris, à un moment donné, dans une proximité fortuite ? Je crois au mot du poète qui dit que les symboles sont là, qu’ils regardent passer les hommes avec familiarité ... comme s’ils les attendaient.
La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles L’homme y passe à travers une forêt de symboles Qui l’observent avec des regards familiers. Charles Baudelaire (Correspondances)
